En fait, j’en ai déjà parlé sur La Première. Mais comme vous n’avez peut-être pas 9 minutes devant vous pour m’écouter, et parce que le sujet mérite une visibilité maximale, je le réaborde ici.

 

La situation est-elle si grave que ça ?

Oui. La mode n’est pas juste « une industrie polluante », il s’agit de la 2e industrie la plus polluante au monde.

 

OK… Mais qu’est-ce qui craint ?

Tout. Abordons le problème chronologiquement.

1. La production des matières premières

Prenons un simple T-shirt en coton. Pour le fabriquer, on utilise blindé de pesticides et une quantité d’eau correspondant à ce que vous consommeriez en 17 jours. Eh oui, tout ça pour un T-shirt qui sera même peut-être moche !

Quant aux nombreux vêtements en polyester, ce n’est pas mieux… Il s’agit d’une matière provenant du pétrole, et comme vous le savez sûrement, le pétrole émet beaucoup de CO2.

2. La transformation en usine

Une fois qu’on a les matières premières, il faut les teindre, les assouplir, etc. Cela se fait dans des usines, à l’aide de produits chimiques comme le plomb, le mercure, le chrome, le cuivre… Et ces sympathiques produits sont ensuite relâchés dans la nature.

3. Le transport

Vous ne voyagez pas assez à vôtre goût ?

Ne soyez pas jaloux/se, votre jeans favori a tout d’un globe-trotteur. Son coton a peut-être été produit en Ouzbékistan, puis le pantalon a été cousu en Inde, puis teint au Maroc, avant d’attérir en Belgique. Plus exotique que vos vacances en Provence, n’est-ce pas ? Mais aussi beaucoup plus polluant !

4. Le recyclage

Le massacre s’arrête-il une fois que ce fameux jeans arrive en votre possession ? Vous, personne consciencieuse, le porterez de nombreuses fois avant de le donner à une association ? Comme moi, vous avez dû vous endormir la conscience tranquille…

SAUF QUE : seule une minorité des vêtements donnés aux associations sera placée en magasin. Presque la totalité sera revendue à la tonne et exportée, notamment en Afrique. De quoi ajouter un cachet supplémentaire sur le passeport de votre jeans ! Et comme les lots de vêtements sont empaquetés, les personnes qui les achètent ne peuvent pas voir quels vêtements elles prennent. Et beaucoup ne sont ni réutilisables, ni revendables, et finissent donc dans des décharges ou incinérés.

 

Mais alors, que peut-on faire ?

L’idéal serait de se détourner de la « fast fashion » (donc la mode pas chère qui se renouvelle tout le temps, comme celle de H&M, Zara, Mango…) et de favoriser les marques ecofriendly. Mais dans la pratique, cela peut s’avérer compliqué à l’heure actuelle car :

  • c’est directement un autre budget
  • la diversité n’est pas au rendez-vous.

Perso, j’ai du mal à trouver des vêtements qui conviennent à mes goûts et ma morphologie (du style mini jupes et crop tops) dans les marques écoresponsables… Si c’est pareil pour vous mais que vous souhaitez tout de même faire un effort pour la planète, je peux vous conseiller de :

  • n’acheter une pièce que si elle vous plait vraiment : on n’a pas besoin d’un sixième T-shirt gris produit avec 2700 L d’eau !
  • tenter de revendre ou donner vos vêtements une fois que vous souhaitez vous en séparer : Vinted ou les copines, c’est mieux que la décharge !
  • fréquenter les boutiques d’occasion : on peut y faire des affaires de fou !

Sinon, mon avis personnel est que s’il est indispensable d’être conscient de l’impact écologique de l’industrie de la mode, et qu’il est encourageable de revoir sa façon de consommer, le vrai effort devrait être fourni par les entreprises de « fast fashion ». Si elles acceptaient de gagner un peu moins d’argent, nous pourrions toujours profiter de vêtements peu chers et variés, mais produits dans des conditions plus respectueuses de la planète et des humains (sujet non abordé dans cet article, by the way).

Et vous, comment vous vous positionnez ? Vous considérez-vous bien informé•e ? Avez-vous changé (ou cherchez-vous à changer) votre façon de consommer ? Avez-vous des solutions à proposer (aux consommateurs, aux entreprises…) ?